Elisabeth Borne : qui est-elle ?
Née le 19 avril 1961, ingénieure générale des pont et chaussées, elle a été préfète, directrice de cabinet de Ségolène Royal, puis présidente de la RATP de 2015 à 2017. Cette année-là, elle rejoint Emmanuel Macron. Là on la ballotte de ministère en ministère, d'abord Ministre au Transport, elle passe deux ans plus tard, ministre chargée de la transition écologique et solidaire. L'année suivante elle devient Ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion. Elle est nommée Première Ministre par Emmanuel Macron le 16 mai 2022.
"La politique est l'art de nous berner et d'abuser de notre crédulité comme dans une scène de somnambulisme" Mostefa Khellaf
"Le piège pour les hommes politiques est de se sentir invulnérables, intouchables. Cela conduit à négliger des choses que l'on juge à tort subalternes" Roland Dumas
"Le discours politique vole bas, mais il n'atterrit jamais" cette phrase d'André Frossard résonne en moi, ce 6 juillet 2022 après avoir passé plus d'une heure trente à écouter la déclaration de politique générale prononcée par la Première Ministre devant la nouvelle législature. Dans ce nouveau paysage politique, le parti présidentiel n'a pas obtenu de majorité absolue, il devra donc composer au coup par coup avec les partis d'oppositions. En fait, il devra simplement respecter le principe même de la démocratie : le débat contradictoire, le nuancement des idées, et la représentativité de tout les courants.
D'ailleurs en 2017, l'une des phrase clé de la campagne de Macron était de proposer la proportionnelle. Promesse non tenue, parmi tant d'autres. Le parti présidentiel a donc régné sur la base d'une monarchie présidentielle durant 5 ans, faisant fi de toute opposition. Quant aux députés issus de la majorités, ils devaient simplement obéir, et aller dans le sens du Jupiter. Mais cette fois, c'est fini, du moins en apparence. Les français ont imposé une proportionnelle au Président élu, rappelons-le avec un fort taux d'abstention et sur la base du rejet de la candidate d'extrême droite : Marine le Pen.
"Il faut donner une orientation favorable à la proportionnelle, en soulignant tous les risques que cela comporte" Emmanuel Macron en 2017
Suite à l'échec du parti présidentiel aux législatives, Elisabeth Borne remettra d'ailleurs sa démission au président, qui le 21 juin, lui a renouvelé sa confiance en la déclinant. En amont de ce discours de politique générale, elle déclare refuser de se plier au vote de confiance, car selon le nouveau porte parole du gouvernement, Olivier Véran : "La confiance ne se vote pas, elle se construit". Pourtant ce recours au suffrage est prévu par la constitution du 4 octobre 1958, est permet au premier ministre d'engager "la responsabilité du Gouvernement sur son programme (Article 49, alinéa 1 de la Constitution). Si l'Assemblée Nationale désapprouve le programme, le gouvernement est alors contraint de démissionner.
On comprend aisément le refus de Madame Borne de se soumettre à ce vote, il aurait en effet été très difficile pour elle d'obtenir une majorité de vote pour. En 5 ans de Macronie, de mépris de classe, d'arrogance jupitérienne, de casse sociale, le gouvernement a brisé la confiance qu'aurait pu lui accorder les députés tout comme le peuple. La NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) décide dès lors de déposer une motion de défiance comme censure. Cette défiance obligera le gouvernement à se soumettre au vote des députés.
Elisabeth Borne se présente donc à 15h00 devant un Parlement qui la désavoue majoritairement
"Je mesure l’ampleur de la tâche : les Français à protéger, la République à défendre, notre pays à rassembler et la planète à préserver" Elisabeth Borne, discours de politique générale 06/07/2022
Je pensais assister à la déclaration de politique générale de la Première Ministre. En fait, on est devant une bachelière qui passe son Grand Oral et qui récite sa leçon mal apprise. Aucune personnalité ne se dégage, aucune émotion ne ressort de sa voix, aucune tonalité. C'est le calme plat. Un discours technocratique et robotique. Fut-il écrit par le cabinet de conseil McKinsey comme le suggère sur son compte twitter le député Ugo Bernalicis (NUPES-LFI), en tant cas, ce cabinet ferait bien de donner des conseils à Madame Borne pour devenir une oratrice convaincante. Récitation vide, sans intérêt que l'on peut résumer ainsi "On vous a emmerdés pendant 5 ans, on va continuer, rien ne va changer, on va juste aller débaucher un peu plus ici ou là pour obtenir ce que l'on veut".
Enfin, on obtient d'elle une ébauche de projet : "Le projet du gouvernement repose sur trois grands principes que sont la responsabilité environnementale, la responsabilité budgétaire et l'absence de hausse d'impôts". Vous avez bien lu : Responsabilité. Comment ne pas rigoler.
Sur notre pouvoir d'achat, elle annonce un projet de loi pour protéger les citoyens de "l'inflation", tout en indiquant tout faire pour protéger les français. Qui peut lui ,dire, que pendant que les français gagnent de l'argent à la sueur de leur front et ne peuvent même pas en profiter. Les groupes comme Total, Engie,... continue de s'enrichir sur notre dos. Et l'Etat lui aussi continue de s'enrichir : 60% de votre plein d'essence va en fait dans les caisses de l'état. Pourquoi ne pas réduire ces taxes? Par ailleurs, pourquoi tout à coup, la feuille de route du gouvernement changerait-elle? Il avait 5 ans pour agir. Rien n'a été fait.
"Quelqu'un sait combien a coûté le discours creux d'@Elisabeth_Borne écrit par #McKinsey ?" Ugo Bernalicis, sur twitter, le 06/07/22
"Nous devons changer notre rapport au travail. Et, le cœur de ce changement, c'est le plein emploi". Voilà un élément sur lequel était attendu le gouvernement. Emploi, chômage, retraite et inévitablement réforme. Pour atteindre cet objectif du plein emploi, le programme est déroulé : elle veut faire sortir la France du chômage de masse (et pour cela ils n'hésiteront pas à faire des fermetures administratives du compte d'usager). Pole Emploi va se transformer en France Travail, car oui c'est bien connu, il suffit de "traverser la rue pour trouver un travail". Mais surtout, il faudra travailler plus longtemps. Subtilement, Borne annonce la réforme de la retraite à venir. La rentrée sociale promet d'être explosive.
Que voulons-nous "un monde meilleur, pour l'honneur des travailleurs". C'est loin, bien loin d'être gagné. Après l'évocation de nombreux autres sujets, platement et sans conviction pour ne rien changer. Elle en vient à évoquer les soignants. Elle commence par saluer leur action. Aussitôt, on entend des députés s'indigner et scander dans l'assemblée : "HYPOCRITE". Immédiatement recadré par la nouvelle présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet qui leur demande "de ne pas avoir ce type de manifestations ici". Entendons-bien, à l'Assemblée, vous avez seulement le droit d'encourager le gouvernement et de l'applaudir, mais pas de dénoncer son action. Cependant, quelle jouissance que d'entendre la ministre ainsi recadrée par l'opposition. N'oublions pas :
Comme ministre du Travail, elle est à l'origine de la création de la suspension des contrats de travail sans rémunération et sans limitation de durée pour tout les personnels obligés à la vaccination. Une des lois les plus scélérates et les plus perverses de la Macronie.
Par ailleurs, la nomination de François Braun est un très mauvais signal envoyé à la santé. Cet urgentiste, provenant de l'hôpital de Mercy (Metz-Thionville) est en effet très mal vu par les syndicats de sa profession. Pour répondre à l'urgence de sauver l'hôpital public, il propose notamment de fermer les urgences de nuit. Après un quinquennat, qui en pleine crise sanitaire a réussi à fermer 17.000 lits et suspendre plus de 15.000 soignants, on ne pouvait pas avoir mieux. Quant aux soignants non-vaccinés, "leur réintégration n'est pas d'actualité" d'après le nouveau ministre, idolâtre de la vaccination qui voit "dans la vaccination massive le seul moyen de sortir de la crise". Cette disgression, nous aura permis de mesure une nouvelle fois, l'hypocrisie de la majorité présidentielle et surtout le mépris de classe.
On a aussi eut le droit à des annonces sécuritaires, avec notamment le renforcement de la présence policière et gendarmerie sur le territoire. Seront-ils destinés à augmenter la garde policière et gendarmes qui font de l'Elysée un lieu inatteignable ? Serviront-ils à mater les prochaines manifestations citoyennes? Iront ils appliquer la politique d'"emmerdement" du Président de la République ? Le pire, est-il à venir?
Alors que retenir de ce discours, tant sur le fond que sur la forme, RIEN.
En revanche deux discours de l'opposition me semblent intéressant à retenir, quoi qu'on pense des protagonistes, je rappelle que trouver un discours bien et opportun ne fait pas de vous un adhérent ni un sypathisant de tel ou tel mouvement :
Celle de Mathilde Panot (NUPES-LFI) : "Nous ne croyons pas une seule seconde à une macronie qui retrouve la raison [...] Madame la Première ministre il faudra vous soumettre (à la démocratie) ou vous démettre [...] Nous ne vous faisons pas confiance, mais au fond, peu vous chaut [...] Pourquoi nous ferions-vous confiance à vous, qui découvrez les profiteurs de guerre, mais ne faites rien quand Total engrange 16 milliards de bénéfices [...] Le ministère de la Jeunesse est sous tutelle du Ministère des Armées. Les Outre-mer dépendent de l'intérieur. La planification écologique a disparu au profit d'un ministère piloté par un novice. Votre nouveau monde est une machine à remonter le temps [...] a un gouvernement chaotique en succède un autre. Vous promouvez les amis qu'il vous reste. Rares sont ceux qui veulent monter à bord du Titanic. Alors l'équipe de volontaires ressemble à s'y méprendre à un fond de tiroir"
Celui de Nicolas Dupont-Aignan "J'avais fais un rêve, celui que vous entendiez le message des urnes qui a forgé cette nouvelle assemblée, oui j'avais rêvé que vous compreniez le sens du vote du 19 juin, son caractère exceptionnel. Pourquoi le peuple français, deux mois après l'élection présidentielle, vous a refusé la majorité. J'imaginais naïvement que ce désaveu populaire sans précédent vous aurez conduit à entendre la souffrance des français étranglés par l'inflation [...] vous préférez vos vieilles rustines [...] on retrouve la marque de fabrique de la Macronie, des demis mesures, pondues par des en même temps [...] quelle déception [...] quant à l'hôpital tout le monde aura compris en vous écoutant que vous ne changerez rien à la politique qui a conduit à la fermeture des lits et pire vous vous refusez à réintégrer les soignants scandaleusement exclus alors qu'il en manque tant.
Alors qu'adviendra t'il de ce gouvernement? Passera t'il le cap du vote de défiance (censure) lancé par la NUPES. Résistera t'il à l'opposition qui s'annonce ferme et rigoureuse. Qui du Gouvernement ou du Parlement se trouvera le premier à la rue.
Dans un prochain article, je parlerai de la motion de censure déposée par la NUPES. Je vous dirai pourquoi il me paraît important que l'opposition ne tombe pas dans le jeu du "ne pas vouloir passer pour des bloqueurs". Il me semble important de voter cette motion de censure.
Merci de m'avoir lu, j'espère que ce premier article vous encouragera à me suivre plus régulièrement ici ou sur twitter.
Je me permet de rappeler ici qu'il est possible de me soutenir financièrement grâce à mon lien Paypal : paypal.me/BriceofLyon. Merci à tous et de tout coeur.
Brice